Ça y est, à midi aujourd’hui mardi 19 août, j’ai donné un grand coup dans la barre et mis le cap vers l’est, la Bretagne, la Belgique, la maison au Luxembourg !!
Finalement je n’ai pas été tout à fait jusqu’au point le plus SW que j’avais placé sur la carte, mais un peu moins loin, pour profiter de conditions plus clémentes pour le retour – qui va être long, avec probablement de bonnes petites périodes de calme. Mais si je vais d’une traite jusqu’à Nieuwpoort, j’aurais fait largement les 2000M que je m’étais fixé comme prise en mains / mise en jambe avec le bateau.

Mais au fait, pourquoi naviguer en solitaire ?
Précédente navigation en solitaire la plus longue : 26 juin 17h au 1er juillet 11h 2011 – 5 nuits en mer, en Mini 6,50 (Pogo 2 Manu Poki 504), départ Douarnenez, arrivée Port-La-Foret via Coninberg, Irlande). Je prenais des notes sur un carnet papier – que j’ai depuis scanné !
Dernière navigation en solo : Sifnos (l’une des Cyclades, en Grèce) – Athènes, à bord d’un Sun Odissey 42 en septembre 2020.
Oui mais pourquoi ?
Parce que personne ne veut venir avec moi ? Parce que j’aime pas naviguer avec d’autres personnes ? Parce que je n’aime pas partager mon plaisir de naviguer et le garder pour moi seul ? Parce que ça fait trop de vaisselle à faire ?
Bien sûr pour aucune de ces raisons !!
J’adore naviguer en famille, en équipage, en duo et je l’ai fait toute ma vie.
Mais naviguer en solitaire, c’est vraiment une expérience incroyable.
Quand on a un équipage sous sa responsabilité (chevronnés ou débutants), on est toujours sur le qui-vive, à vérifier que tout le monde est en sécurité, et bien souvent à m’occuper de la logistique de l’avitaillement, de la cuisine, etc. Car ça fait partie de la voile et c’est un plaisir incroyable d’emmener sa famille, ses amis, ou même des personnes inconnues quelques instants plus tôt découvrir la mer, la voile, et je continuerai toujours à le faire.
Mais naviguer au large en solitaire c’est autre chose, une sorte de défi ultime. Personne directement qui pourrait prendre en charge le bateau, pour échanger sur une décision à prendre (même si avec Starlink et les autres moyens de communication cela va changer !), pour partager un repas… et pourtant vous savez combien j’aime ça !!
Je crois que ce n’est pas vraiment pour tout le monde, comme certains ne partiraient pas en randonnée tout seul autour de chez eux.

Et puis il y a l’exemple, l’inspiration, les plus grands. De tous temps ceux qui ont affronté les océans en solitaire en sont revenus transformés. Joshua Slocum le premier à avoir tourné autour du monde en solitaire à la voile – avec escales, et surtout Bernard Moitessier qui avec sa Longue Route a ouvert un nouveau chapitre dans la navigation, en faisant un tour du monde et demi en solitaire sans escale en 1969 ! et je n’oublie pas les autres héros de la course au large en solitaire, les Lamazou, Peyron, Poupon, Autissier, Arthaud… – et les plus jeunes bien sûr – tous plus inspirants les uns que les autres. Et les plus humbles comme Yann Quenet et son Baluchon d’à peine plus de 4 mètres.
Et j’ai eu la chance d’être biberonné à cette potion magique là, de rencontrer Bernard Moitessier à plusieurs reprises, lui qui a vécu sa dernière vie avec Véronique, une amie de ma famille – et que je salue ici !!
C’est donc dans les sillages de ces géants que je mets très humblement la carène de mon voilier !
Pour aller à la rencontre de moi-même ? Pour en revenir changé ? Pour gagner en maturité et en confiance en moi ? Ça on verra bien un peu plus tard, pour l’instant j’essaie de profiter et de faire marcher mon bateau.
Bernard Moitessier disait que son Joshua lui murmurait : « Donne moi du vent et je te donnerai des milles »
Alors je vais aussi essayer de donner du vent à Tous Capables, pour l’instant il m’a déjà donne beaucoup de milles !!
Une petite recommandation d’écoute
Le podcast Into the Wind de Tip&Shaft animé par mon ami Pierre-Yves Lautrou, reçoit et fait parler les marins dont je parle ci-dessus – je vous recommande vivement l’écoute de l’épisode avec Isabelle Autissier ! Après l’écoute, si vous êtes tentés, je vous prête le bateau pour aller faire un tour au large en solitaire !
Bonne écoute et à bientôt

On pourrait compléter la liste avec le déjanté argentin Vito Dumas pendant la deuxième guerre mondiale, Francis Chichester, Robin Knox-Johnston et Ellen MacArthur chez les Britanniques, ou encore les (très) jeunes Laura Dekker, Jessica Watson et Zac Sunderland. Bref, il y a de nombreux exemples de navigation en solitaire. Une chose est certaine, c’est une activité très exigeante, alors bravo Jérôme !