Bonjour à tous !
Voilà ma première note sur ce blog écrite depuis Tous Capables / La Promesse !

Après des préparatifs en mode accéléré samedi et dimanche dernier, je suis parti de Nieuwpoort (sur la côte Belge) dimanche 10 août 2025 en fin d’après midi avec mon ami de très longue date Nicolas (et cofondateur de l’association Tous Capables), pour une première prise en main du bateau en duo. Nous avons descendu la Manche (ou plutôt remonté, les courants de marée n’étant pas vraiment symétriques…) en une petite soixantaine d’heures, parcourant environ 370 NM (milles nautiques), sur un parcours théorique de 310. Cette première navigation nous a permis de prendre en main le bateau et de passer par toutes les allures et pas mal de conditions différentes, de tester les différentes voiles etc.

Merci à toi Nico, ton aide dans cette phase m’a été extrêmement précieuse. Ton enthousiasme, ton optimisme et ta ténacité m’inspirent – n’hésitez pas à parcourir le blog du tour du monde de Nicolas et sa femme Heidi, et à utiliser l’app qu’il développe pour gérer l’entretien de bateaux, Ready4Sea. non.


Je n’oublie pas non plus l’aide de Damien qui nous a prêté (et installé avec brio) son antenne Starlink et un traqueur Iridium Garmin Inreach qui sont très utiles ; ni celle de Jérôme du Team Masai qui nous prête son radeau de survie ; ni non plus celle de JF et Monica qui m’ont super gentiment prêté une voiture (pour le trajet Lux / Belgique).
Départ en solo pour 2000 NM
Hier mercredi 13 août, après quelques petites améliorations supplémentaires, j’ai finalement quitté les pontons de Roscoff vers 17h40, sous les vivas d’une foule en délire (Nicolas et Heidi !) pour me tester et tester le bateau en solo au large. L’idée de ce périple est de réaliser un parcours au large d’environ 2000 NM, pour que je puisse bien me rendre compte de ma capacité à aller plus loin dans le Défi Tous Capables. 2000 NM à raison de 150 par 24h, c’est une grosse quinzaine de jours de mer… beaucoup plus que ma plus longue navigation en solitaire à date. (Je compte dans ces 2000 NM la remontée de la Manche jusqu’à Nieuwpoort où le bateau est basé).

Difficile de décrire les émotions qui m’ont traversé au moment de quitter le quai tout seul. Ce n’est pas la première fois que je suis en mer seul, mais la première fois sur un bateau si sportif, et avec un objectif quand même très ambitieux. De l’appréhension un peu, mais qui est un peu contrecarrée par la concentration.
Je repense au petit bouquin que m’a offert récemment mon ami Guillaume (et troisième cofondateur de l’association), Petite philosophie du grand large, qui décortique avec beaucoup de justesse ce qui pousse à prendre la mer. En gros ce que l’auteur expose c’est que les difficultés potentielles que l’on peut rencontrer en mer et la nécessité de devoir y faire face soi-même ramène à notre condition d’être vivant, loin du confort de la vie à terre – pour la plupart d’entre nous. C’est le même type d’expérience que l’on recherche dans d’autres cadres, à d’autres niveaux, lorsqu’on va en montagne ou en randonnée un peu longtemps dans des milieux sauvages. Mais pour moi c’est surtout la mer !
Première nuit en mer
J’ai donc quitté les pontons de Roscoff hier en fin d’après-midi, avec un vent faible juste à la sortie du port qui me convenait parfaitement, pour ranger tranquillement les amarres et établir les voiles. Mais ce que je n’avais pas en tête c’est que j’allais rester quelques heures juste au large de Roscoff et de l’Ile de Batz. J’ai profité de ces quelques heures suspendues pour installer le tracker Iridium plus proprement et surtout admirer une chasse de dauphins et fous de bassan qui a duré très longtemps, à quelques centaines de mètres du bateau.

À 23h30 j’ai fini par toucher du vent de SW qui m’a permis de finir par avancer vers les Scilly, le magnifique archipel tout a la pointe SW de l’Angleterre, à 155 NM au NW de Roscoff.

La nuit s’est très bien passée : j’ai dormi par tranches de 20 à 30 minutes, en me réveillant soit pour juste vérifier que tout allait bien avant de me recoucher, soit un peu plus longtemps pour gérer/surveiller un croisement avec un cargo. J’ai vu ou entendu des dauphins à de très nombreuses reprises cette nuit – toujours aussi magique !!
Géopolitique en Manche
Naviguer en Manche, c’est avoir une petite fenêtre sur la géopolitique mondiale en quelques jours.
Entre Dunkerque et Calais, nous avons échangé avec le patrouilleur maritime Cormoran de la Marine Nationale française et entendu des échanges entre un avion de surveillance maritime, autour de la problématique des migrants qui traversent la Manche en pleine nuit.


Et je suis toujours aussi frappé par la taille et le nombre de cargos, pétroliers, vides ou pleins, et surtout de super portes conteneurs de gabarits impressionnants. Nous en avons croisé un qu’il faisait 400 m de long sur 62 m de large et avec plus de 20 m de tirant d’eau. Ce type de navire transporte autour du monde les biens que nous consommons quotidiennement : voitures, vêtements, électronique… et ils ne repartent pas vides : certains sont chargés de matières premières pour l’industrie manufacturière d’Asie du Sud-Est, par exemple des troncs entiers d’arbres de forêts européennes qui sont ensuite réimportés sous forme de meubles…
Nous avons aussi croisé un pétrolier russe qui avait pour destination Saint-Pétersbourg, mais il n’était pas seul, il était escorté par une frégate d’un pays occidental…
Bref, je recommande à tous ceux qui s’intéressent à la géopolitique et au commerce mondial de passer quelques jours en Manche, à la voile, et de constater de visu l’ampleur de ce commerce, qui reste quand même assez invisible sans faire cet effort.
Sur ces petites réflexions, je vous laisse, je vais faire un petit tour à la bannette.
Bien vu Jérôme, j’aime beaucoup ta Géopolitique de la Manche ! Très juste. Ouvre l’œil à l’approche des Scilly et de la mer d’Irlande, beaucoup de trafic par là. Bises. Dad.